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Trompeuses, comme toujours

Nouvelles

S’il est parfois possible de s’aventurer sans trop de risque de l’autre côté du décor, la traversée des apparences semble plus périlleuse, à en juger par le sort réservé aux personnages de ces dix-sept nouvelles. Que l’écran s’apparente aux rituels a priori les plus anodins, à la surface projective d’une petite annonce, à la déclinaison maniaque d’un savoir fossilisé ; qu’il prenne la forme d’une fenêtre d’ordinateur ou celle d’une fenêtre sur rue : on risque, à le franchir, de faire imploser les règles du quotidien, voire les fondations d’une vie. De faire émerger la conscience… alors qu’il serait si confortable de rester dans l’illusion. Comme « en passant », et mine de rien, Jean-Paul Beaumier nous convie à une réflexion sur la nature souvent trompeuse des apparences.

Ce jour-là, il s’en souvient, sa mère lui avait souri en lui tendant la dernière carte qu’il lui avait expédiée, une vue de la terrasse du parc Guël surplombant la ville. Il n’avait pu s’empêcher de la retourner pour lire ce qu’il avait écrit : Bonjour à vous deux, j’espère que vous allez bien. Ici, le temps est magnifique, les gens courtois et le vin fort agréable. Je vous embrasse. J. B. Elle lui en tendit une autre, postée de Dublin, puis encore une autre de Washington, d’Athènes, de Sarajevo, de Lisbonne. De lire ainsi le même message en rafale lui avait fait une curieuse impression. Comme si tous les déplacements qu’il avait effectués au cours des ans s’étaient brusquement condensés dans une même fuite, comme si tous les lieux avaient soudainement perdu leur consistance, leur sens.

2006 | 126 pages | ISBN: 2-89502-227-5
16.95 $
2011 | livre numérique PDF | 126 pages | ISBN: 978-2-89502-676-1
12.99 $